L’objet photographique : une invention permanente
Hippolyte Bayard - Portrait du photographe en noyé (1840) - positif direct sur papier
L'exposition "L'objet photographique : une invention permanente" propose de découvrir l'ensemble des dispositifs de prise de vue : contact, sténopé, objectif photographique..., et des processus de fabrication ou de modification des divers "objets" : positifs directs, négatifs, tirages..., qui constituent l'atelier du photographe.
Ces objets, résultats des possibilités techniques de chaque époque mais aussi de leurs contraintes, sont le reflet des perpétuelles mutations ayant jalonné l'histoire de la photographie. Les œuvres choisies montrent que création photographique et innovation technique sont intimement liées : chaque nouveau procédé a considérablement transformé l'aspect visuel des images.
Provenant d'institutions variées (Maison Européenne de la Photographie, Musée Carnavalet, Musée Bourdelle, Musée d'Art moderne de la Ville de Paris, Maison de Victor Hugo, Bibliothèque historique de la Ville de Paris, Société Française de Photographie, Muséum national d'Histoire naturelle, Institut de France.) ou directement des artistes, les images historiques ou plus récentes sont rapprochées autour d'un même procédé et de ses variantes, afin de montrer les liens entre la pratique des pionniers de la photographie et celle des photographes actuels, utilisateurs de techniques alternatives qui leur permettent d'échapper à la domination des industries de l'image.
http://www.mep-fr.org/expo_1.htm
Vu de ma fenêtre - Niepce 1827 (sténopé ?)
A. Le positif direct
Une image positive est obtenue directement lors de la prise de vue sans passer par une matrice négative (le négatif).
Au 19e siècle, la plus connue des techniques est le daguerréotype (une plaque de cuivre recouverte d’une fine couche d’argent...).
Ensuite, il a été développé des variantes moins coûteuses comme l’ambrotype (sur plaque de verre) et le ferrotype (sur plaque de fer)[1].
Dès 1839, le français Hippolyte Bayard présente un procédé permettant d’obtenir des positifs directs sur papier. Le papier argentique est d’abord noirci puis traité à l’iodure de potassium. Ce procédé fut surtout utilisé par Bayard lui-même, qui l’abandonne en 1846 au profit du système négatif-positif sur papier de Talbot.
Un négatif comporte des valeurs inversées : les blancs sont noirs, les noirs sont blancs.
Phénomène que connaissent bien ceux qui font de la photo noir et blanc argentique.
Vu aussi photogramme, sténopé
B. Matrices monochromes et tirages argentiques
Dès 1840 Talbot invente le système négatif/positif => le calotype
Blanquart-Evrard perfectionne le procédé de Talbot.
Il est recouvert d’une émulsion sensible à la lumière et découpé en plaques de dimensions variables.
La couche sensible est constituée de sels d’argent mélangée à une substance qui adhère au support en verre. Cette substance, ou liant, est différente selon l’époque : on utilise chronologiquement l’albumine (Niepce 1848), le collodion puis la gélatine (depuis 1870).
En 1884, George Eastman met au point les surfaces sensibles souples, et le film en celluloïd (la toute première matière plastique) permettant de stocker plusieurs images dans le magasin de l'appareil photographique, supplante la plaque de verre.
Gustave Le Gray - tirage sur papier albuminé d'un négatif de verre enduit de collodion
Au 19e siècle, il est utilisé pour l’essentiel des tirages indirects. Le tirage indirect consiste à mettre en contact un négatif avec le papier de tirage, généralement dans un châssis-presse, et à l’exposer à la lumière sans révélateur (le tirage a la taille du négatif)
- Sur papier salé,
- sur papier albuminé,
Calotype de Talbot
Sous un agrandisseur, on obtient une image latente, qu’on amplifie dans un révélateur chimique (procédé bien connu de toute personne qui a tiré des photos noir et blanc).
Vu aussi : planche-contact
Les bains de virage modifient la tonalité (ex. sépia) et la stabilité des épreuves. Dès 1840, les photographes utilisent des bains aux chlorures d’or, aux sels de cuivre et le platine.
Certains colorient les tirages.
- Dès le 19e siècle, on utilise des masques pour rééquilibrer les valeurs entre toutes les zones de l’image (également un classique du labo photo en noir et blanc).
- Des photomontages par assemblage de négatifs sont également réalisés. Par exemple Gustave le Gray combinent systématiques deux négatifs pour ses « marines », l’un pour le ciel, l’autre pour la mer (qui nécessitent des temps de pose différents) afin d’obtenir un rendu du ciel aussi riche que celui des flots.
- La solarisation
- Le grattage à la pointe sèche.
Procédés pigmentaires dit « permanents » :
- le cyanotype qui donne une image bleue (dès 1840)
- le platinotype
Adolphe Braun - Tirage au charbon (1870)
Atget 1907 - positif papier albuminé depuis un négatif de verre enduit de gélatinobromure
A. Le principe de toutes les méthodes
Toutes les méthodes de restitution des couleurs sont dites « indirectes », sur le principe de la trichromie proposé par Ducos du Hauron et Cros dès 1862, lequel s’appuie sur la décomposition de la lumière blanche en trois couleurs primaires.
Pour obtenir la photographie polychrome, on superpose trois images monochromes distinctes d’un même sujet, obtenues avec des filtres et des papiers de couleurs différentes.
B. Les positifs directs
Voir Magiques autochromes du musée Albert Kahn
Un diapositive = un film inversible
Agen par Ducos du Hauron (1870)
C. Les matrices des tirages couleurs
Obtenus à partir d’une source analogique numérisée (capteur électronique sensible à la lumière)
D. Des tirages photochimiques aux tirages numériques
Réalisés sur papier puis sur plastique
Le Nec pour le noir et blanc : tirage Dye Transfer (Kodak jusqu’en 1994) : à partir d’une diapo, sur papier Baryté et gélatiné
Le Nec : impression pigmentaires "fine art"
Man Ray - Portrait solarisé de Meret Oppenheim
Abécédaire des procédés photographiques (ARCP)
Pour prolonger l’exposition
- à paraître en juin 2011 : Photo poche /Actes Sud : L'objet photographique sous la direction d’Anne Cartier-Bresson, commissaire de cette exposition, directrice de l'ARCP (Atelier de restauration et de conservation des photographies de la Ville de Paris).
- Quentin BAJAC L'Image révélée, l'invention de la photographie Découvertes Gallimard - Une chronologie, enrichie de nombreux documents, des cinquante premières années de la photographie. L'auteur en explore les multiples usages et le statut d'art que les photographes tentent de lui faire reconnaître.
Polanoid.net (collection de photos au polaroïd)
N.B. Aucune des photos illustrant ce billet n'est accrochée dans cette exposition.